Pour en finir avec le jugement de dieu
par Natacha Dubois - Cie Mais où l’as-tu ?
Date : Jeudi 9 décembre 2010
Horaires : 19h - 20h
Lieu : Théâtre Bernard-Marie Koltès
Durée : 1h
Discipline : Théâtre / Musique
Oratorio-Rock c'est ce qui pourrai le mieux illustrer la forme que nous proposons ici : quatre sur scène – une comédienne et trois musiciens – une formation rock – guitare, basse, batterie – pour donner à entendre les mots d'Artaud.
Jour nouveau pour Artaud
En 1947, Antonin Artaud se voit refuser la diffusion de Pour en finir avec le jugement de Dieu, qu'il avait créé pour la radio. Ce n'est qu'en 1973 que la censure est levée et que le public découvre ces déclamations mêlant texte et cris, accompagnés de bruits de gong, timbales et tambour. Soixante ans plus tard, la compagnie "Infini Dehors" met en scène le spectacle, donnant corps à la poésie "digestive" d'Artaud. Natacha Dubois, comédienne et metteur en scène fait le pari d'introduire un trio rock composé d'une guitare, d'une basse et d'une batterie. Voix et musique s'articulent et recréent la messe noire dysphorique imaginée par Artaud. Il s'agit pour la troupe de mettre de côté l'émission de 1947 pour mieux s'approprier le texte et l'incarner d'une nouvelle manière. Autour de l'idée d'émotion – étymologiquement : mise en mouvement – la mise en scène révèle la violence de ce "Théâtre de la Cruauté" à sa façon. Réquisitoire contre l'absurdité de la société dévote d'après-guerre et l'oppression du modèle capitaliste américain, Pour en finir avec le jugement de Dieu bouillonne et fulmine. La jeune troupe "Infini Dehors" présente pour le festival Nanterre sur Scène une version toute personnelle, inspirée de la danse Bûto, ou "danse du corps obscur", d'origine japonaise. "Au fond, c'est entraîner chaque spectateur dans l'obscurité que l'œuvre d'Artaud nécessite, et lui faire entendre en même temps que nous sommes toujours là sur scène, comme la lumière d'une veilleuse que le spectateur peut regarder s'il a trop peur.", explique Natacha Dubois. Le biais du théâtre humanise de deux façons : il adoucit et facilite la digestion du texte d'Artaud, comme il renvoie à l'être humain l'image et les gargouillis de sa chair et ses tripes. "Infini Dehors" ouvre la porte du "Théâtre de la Cruauté" et, comme dit Artaud, tente à sa manière de "faire rentrer par la peau la métaphysique dans les esprits."